Le feu court dans la lande, se souciant peu de savoir si le vent peu l'éteindre. Petit chat au somptueux pelage roux comme les flammes les plus denses, le guerrier est trapu et possèdent de courtes pattes. Du haut de ses vingt-cinq lunes, on pourrait le confondre avec un simple apprenti. Seuls ceux qui l'ont déjà croisés dans une Assemblée pourrait contredire les mauvaises langues. Ses yeux sont à peine discernables dans cet amas uniforme d'orange. D'un étrange doré, ils incarnent les portes vers l'âme tourmenté du guerrier.

_Tu sais mon chérie, nous avons tous un caractère bien différent.
_Mais à quoi ressemble le mien, mère ?
_Et bien, il est difficile à cerner, mais je suis sûr que je peux y arriver :
Tu es un jeune chat d'une nature assez timide, comme une fleur qui attend d'éclore. Tu es aussi sage que les nuages, et même le silence s'émerveille devant ton calme. Discret comme le vent dans les feuilles, tu préfères avoir quelqu'un auprès de toi, car la solitude t'angoisse. Tu as l'impression que personne ne te comprends et tu passes beaucoup de temps près des frontières. Tu caches souvent tes pensées et affichent un silence poli. Tu n'aimes pas que l'on te pose des questions, car tu n'en a pas toujours les réponses. Ton esprit est confus et tu es souvent dans la lune. Ton plus grand défaut est de trop respecter ton chef et ton lieutenant. Tu aimerais partager ta vie avec une compagne, mais celle que tu aimes ne connaît pas tes sentiments. Tu es bien trop peureux lorsqu'il s'agit de combattre quelqu'une, et tu essaieras toujours d'entamer avec calme une discussion. Tu ne t'énerves jamais, ce qui a le don d'impressioner tes camarades de Clan.

De l'aube au crépuscule, du matin au soir. Je me demande pourquoi le temps passe aussi lentement, suivant un schéma pré-créé que lui dicte la nature. Toujours est-il que le mien m'est compté, et que j'en suis pleinement conscient. Après tout, depuis le jour de ma naissance, je sais ce qui m'attend, et je m'y suis préparé.
Un jour de la saison des feuilles mortes, alors que le froid descendait dans les Clans, ma mère mit au monde six magnifiques chatons. La moitié périt de froid tandis qu'elle essayait de nous réchauffer. Elle me donna le nom de Petit Feu, en rapport avec mon pelage d'un roux flamboyant. Tout autour de moi n'était que bruit, obscurité et froid.