Petite Iris est une petite femelle ayant tout juste quatre lunes. Elle n’est pas bien grande, un peu courte sur patte mais présente une certaine robustesse. Son visage enfantin lui donne un charme bien à elle qui lui évite quelque fois de se faire gronder. Son petit minois est accompagné de deux perles lui donnant un regard plein de malice. Ses yeux sont d’un bleu limpide allant du turquoise au saphir selon la luminosité extérieure. Elle n’impressionne guère personne tant par sa bouille de chaton que par sa petite taille. Pourtant, elle est du genre à se tenir bien droite et hausser ses épaules pour paraître imposante. Sa fourrure ébouriffée de chaton est d’un fond crémeux parsemé de taches noirs tels les léopards. Elle est leur version miniature et ayant un aspect moins dangereux. Malgré son jeune âge, elle possède une beauté bien à elle, grâce à sa fourrure unique et son regard doux. Donc, elle attendrit plus les guerriers qu’elle ne les intimide.

La jeune femelle a un caractère bien à elle. Souvent, éprise de crise, elle se met à gratter le sol ou à tournoyer autour de la pouponnière. Son manque de sang-froid donne des effets peu attendus comme des cris, des regards noirs ou le fait qu’elle se réfugie dans la pouponnière. Son âge qui est proche de sa nomination d’apprentie fait qu’elle dort seule en compagnie des autres reines et de leurs chatons. Sa mère, n’ayant jamais désiré de chatons, lui donne très peu d’amour d’où les bêtises qu’elle accumule pour se rendre intéressante. C’est une petite qui a besoin d’attention, d’affection et est très instable. Mais elle est loin d’être bête et souligne ses bêtises de malice et de tromperie. Son regard espiègle montre qu’elle prépare à chaque instant de mauvais tours. Or Petite Iris n’est pas simplement une petite turbulente, elle est une chatonne adorable, souriante et joueuse ; malgré qu’elle entraîne souvent les autres petits avec elle et qu’elle s’arrange pour prendre le moins possible.

Il y a un moment où la vie commence et qu’on découvre ce monde tant inconnu.

C’était un jour de mauvaise saison, la neige tombait sur le camp de l’ombre. La famine commençait et les os saillaient des corps des guerriers. Un manteau blanc recouvrait toute la forêt de conifères comme si le temps s’était arrêté car le silence y régnait. Il n’y avait pas un bruit, les oiseaux étaient partis, les rougeurs étaient au chaud, seuls le bruissement des pattes félines caressant cette fourrure résonnait dans un écho infini. Mais ces pas furent de plus en plus présents et des miaulements s’entendirent. Puis, le calme revint. Les félins étaient les uns contre les autres regardant l’une des tanières du camp et encourageant une guerrière. Un cri retentit, puis un autre avec un rythme effréné mais qui se poursuivait avec des chutes et des crescendos. Puis le silence encore avant qu’un félin ne parle et annonce la nouvelle.  « Une future guerrière est née, accueillons tous, Petite Iris ! ». Des cris de joie retentirent avec des félicitations pour la reine. Le bruit diminua et se dissipa tels des nuages orageux.

Une minuscule boule de poil se colla contre le ventre chaud de sa mère, après une tété, elle avait les yeux endormis prête à rejoindre les bras de Morphée. Mais un miaulement se fit entendre et empêcha la petite de s’endormir. Elle entendit une discussion alors qu’elle était à demi dans les abysses des rêves. « […] Je regrette tellement ce moment. Regarde où j’en suis, regarde… ». Un frottement de fourrure s’entendit dans un faible bruissement avant qu’une voix rauque retentit. « Que tu le regrettes ou non, il est trop tard et cette petite a besoin de ton amour. Puis, personne ne s’est aperçu… ». Une fourrure s’hérissa donnant un petit coup à la petite chatonne qui grogna. La mère fixa son enfant, puis posa son regard sur le mâle. « Elle ne doit pas savoir… Personne ne doit savoir… Elle appartient au clan de l’ombre et personne ne pourra contredire ce fait. Mais je ne puis donner l’amour d’une mère, je n’ai jamais eu un cœur tendre… » Elle fit une pause avant de reprendre en un murmure à peine audible. « Pour moi, c’est une erreur… »

Un voile sombre s’abattit sur la chatonne alors qu’elle s’endormait. Malgré que ces mots n’avaient pas encore un sens, elle sentit que quelques choses ne tournaient pas rond. Pourtant, son innocence fit qu’elle oublia un moment cette discussion, comme si, au fond d’elle, elle n’était pas prête à entendre une vérité.


« Où est cette petite coquine ? ». Un chat assez massif cria ses paroles en plein milieu du camp, certains chats le regardèrent ahuris. Quelques guerriers se regroupèrent autour de lui étant curieux de cet excès de colère. Il grogna et montra un cadavre d’araignée devant lui. « Voilà ce que j’ai retrouvé ce matin en me levant. Elle va m’entendre ! ». Il claqua sa queue contre le sol soulevant à ce moment, un nuage de poussière. Certains chats demandèrent qui étaient ce elle et cette petite coquine, mais au moment où le mâle allait hurler. Sa mâchoire se déforma et se figea pendant une seconde. Une voix aiguë se fit entendre. « Qui est cette petite coquine ? ».

Elle s’avança, se plaça en face de lui et le regarda avec son doux regard. « Ce n’est vraiment pas gentil d’effrayer un chat dès son réveil. Je n’aurai jamais osé. ». Elle fit une petite mine avant de lui lancer un regard malicieux. Les poils du guerrier se hérissèrent tel un hérisson, un regard meurtrier fixait la petite chatonne alors qu’il allait de nouveaux s’exprimer, quelqu’un l’interrompit de nouveau. « Elle a raison, qui a pu faire cela ? Le guerrier fit une pause avant de reprendre. Je ne savais pas que tu avais peur des araignées. ». Le regard du guerrier massif changea de personne et se positionna sur son camarade. Il montra les crocs avant de reprendre en criant et chuchotant en même. « Mais… Mais ce n’est pas vrai. Les araignées ne me font pas peur… ». Petite Iris prit discrètement le cadavre pendant qu’il ne la surveillait et plaça l’araignée inerte sur le bout de sa queue battant de l’air. Elle respira un grand coup, avant d’émettre un cri et de hurler. « REGARDE ! REGARDE ! TU AS UNE ARAIGNEE SUR … ». Avant même qu’elle eut fini sa phrase, le guerrier émit un cri de terreur avant de regarder honteux autour de lui. Les guerriers rigolèrent et dans la foule, un rire de chaton s’entendait plus que les autres. Le musculeux baissa la tête et fila droit vers la sortie du camp en fixant d’un regard noir la silhouette de Petite Iris.


Petite Iris atteignit rapidement ses quatre lunes mais une question la hantait depuis le début. Qui était son père ? Elle avait essayé de mener son enquête en observant chaque guerrier de clan mais sa description physique ne correspondait à aucun guerrier du clan de l’ombre. Sa dernière issue était de poser la question à sa mère, malgré que celle-ci s’obstinait à l’ignorer. Elle s’étira les pattes, bailla un grand coup et chercha sa mère du regard. Au bout de deux minutes, elle vit une femelle au pelage crème tigré s’avançait vers la réserve de gibier. Elle hésita un instant avant de courir droit vers sa mère en respirant bruyamment. La femelle se retourna vivement et soupira en s’apercevant de la présence de sa progéniture. Petite Iris baissa sa tête et murmura ces mots. « Pourquoi les autres petits, ils ont un père et pas moi ? ». La guerrière regarda un instant dans le vide avant de répondre sur un ton sec. « Tu n’as pas de père ! ». La petite ahurie fixa sa mère avec étonnement et répondit. « Pourtant Poil de Renard dit que tous les chats ont un papa et une maman. ». Avant même qu’elle eut le temps d’en dire plus, la femelle cria. « Il est mort, OK ! ». La chatonne recula d’un pas, puis de deux et s’enfuit en hurlant encore plus fort. « Tu mens ! Tu mens ! Le clan des étoiles ne m’a pas enlevé mon papa ! ».